Abda et la fille de la pluie
Abda, par habitude, examina le plancher du grand hall, juste à l’endroit où la fille blanche venait de passer. Il remarqua que le sol bétonné ne conservait aucune trace du passage d’Aylin. Seule sa présence laissait un souvenir. Olfactif. En lui. Peut-être qu’on peut suivre cette empreinte, comme sur le sable, mais on la cherche, une fois qu’elle s’est échappée, en soi. À l’instant, la senteur était encore là. Un parfum d’eau mélangé avec du sucre flottait vers lui. Abda pouvait le suivre. Il s’en délecta d’une seconde de bonheur éphémère mais saillant. Saillant jusqu’à devenir inoubliable. Il décida d’emporter le souvenir de cette empreinte dans son pays. Une senteur de pluie mêlée à celle de biscuit. Pour quand il aurait soif. Pour quand il aurait faim.